Qui sont les animaux gagnants et perdants de 2024?
Le WWF alerte sur une diminution de 73% des populations sauvages en 50 ans. Habitat détruit, braconnage et réchauffement en cause, mais quelques espoirs existent.
La destruction de l'habitat, le braconnage et le réchauffement climatique sont les principales causes de ce très fort recul, note le WWF dans son rapport Planète Vivante 2024, publié vendredi. Le Fonds mondial pour la nature appelle à une offensive en matière de protection de la nature. Il propose d'étendre la surface totale des zones protégées, avec pour objectif qu'elles atteignent 30% de la surface des terres, des lacs, des rivières, des mers et des océans d'ici à 2030. La Suisse, qui soutient cet objectif, est bien loin de le réaliser, note le WWF.
Les perdants
Loup
L'abattage d'animaux par erreur lance le débat sur les tirs préventifs autorisés par la Confédération. Un peu plus de 40% des loups abattus cet hiver en Valais n’appartenaient pas aux meutes visées, et un garde-chasse grison a tué trois lynx qu'il a confondu avec des loups. Le WWF dénonce une politique d'abattage qui s'apparente plus à une élimination qu'à une protection. "La seule mesure efficace est de développer la protection des troupeaux", selon l'organisation.
Hérisson
Le hérisson d'Europe occidentale est désormais considéré comme potentiellement menacé en raison de la destruction de ses habitats par l'agriculture intensive et de la disparition des zones urbaines propices à sa survie. Les changements dans le milieu bâti, la perte d'insectes et les obstacles urbains comme les jardins en gravier, les clôtures et le trafic routier contribuent à son déclin, et sans améliorations, cette tendance risque de se poursuivre.
Arbres
Pour la première fois, la majorité des arbres de la planète figurent sur la Liste rouge des espèces menacées, avec 38% des 47'282 espèces évaluées en danger critique. La déforestation, les espèces invasives et les ravageurs menacent particulièrement les arbres des îles, et leur disparition met en péril non seulement la biodiversité, mais aussi les cycles du carbone, de l'eau et des nutriments, affectant ainsi les écosystèmes et les besoins humains en bois, médicaments, aliments et combustibles.
Coraux
La crise climatique provoque des températures record dans les océans, entraînant un blanchissement massif des récifs coralliens, menaçant leur existence. Si cette tendance se poursuit, une grande partie de ces écosystèmes pourrait disparaître, ce qui nuirait gravement à la biodiversité et aux millions de personnes dépendant de la pêche et du tourisme.
Éléphant de Bornéo
L'éléphant nain de Bornéo, la plus petite sous-espèce de l'éléphant asiatique, est désormais considéré comme fortement menacé par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), avec seulement environ mille individus restants. Sa population a considérablement diminué en raison de la déforestation massive de l'île de Bornéo au cours des 75 dernières années, détruisant son habitat naturel.
Banteng
Le banteng, un bovin de la jungle du Sud-Est asiatique, est désormais classé en danger critique d’extinction sur la Liste rouge de l’UICN, avec une population mondiale réduite de plus de 80% en 20 ans en raison de la chasse illégale et de la perte de son habitat. Bien que des efforts de protection, notamment en Thaïlande grâce au WWF, aient permis un rétablissement de sa population, cela ne suffit pas à compenser les pertes ailleurs en Asie.
Manchot du Cap
Les manchots du Cap, classés en danger critique depuis cette année, ont vu leur population chuter de 141'000 couples nicheurs en 1956-1957 à seulement 9900 aujourd’hui. La diminution de leur nourriture due à la pêche commerciale, les changements climatiques, les marées noires, le bruit sous-marin et la grippe aviaire sont les principaux facteurs responsables de leur déclin rapide.
Carabe doré
Le carabe doré, un insecte utile qui chasse les limaces et autres nuisibles dans les champs, aide à contrôler les doryphores (qui ravagent les champs de patates) et à réduire l’utilisation de pesticides, ce qui diminue les coûts agricoles. Pourtant, il est menacé d’extinction, tout comme plus de 50 % des autres espèces de carabidés en Suisse.
Les gagnants
Lynx ibérique
Grâce à des mesures de protection efficaces, le lynx ibérique est passé de l’état en danger à vulnérable sur la Liste rouge de l’UICN. Sa population, qui ne comptait que 62 individus adultes en 2001, a atteint 648 en 2022, avec plus de 2000 lynx au total. Les actions ayant permis cette progression incluent la restauration des habitats, la protection des proies comme le lapin de garenne, et des programmes d’élevage et de réintroduction. Plus de 400 lynx ont été relâchés depuis 2010, et leur habitat s’est étendu. Malgré ces avancées, des menaces demeurent, telles que la diminution des populations de lapins, les maladies transmises par les chats domestiques, les collisions routières et les effets des changements climatiques.
Tortues en mer Méditerranée
La population de tortues caouannes en Méditerranée se rétablit grâce à des mesures de protection, comme la réduction des prises accessoires et la préservation des plages de ponte. En 2024, un record de plus de 1200 nids de tortues caretta caretta a été observé à Zakynthos, prouvant que des actions ciblées peuvent renforcer les populations malgré les défis liés à la crise climatique et à la pollution plastique.
Tigre
Les nouvelles concernant les tigres sont positives cette année, avec des projets de réintroduction au Kazakhstan et des naissances récentes en Birmanie, ainsi qu'une hausse de la population en Thaïlande et au Bangladesh. Les efforts de conservation dans ces pays ont permis d'augmenter la population de tigres vivant à l’état sauvage, de 179 à 223 animaux.
Crocodile du Siam
En été 2024, des garde-faune ont découvert plus de 100 œufs de crocodiles du Siam, une espèce menacée, dans une zone protégée du Cambodge, donnant lieu à la naissance de 60 petits crocodiles. Cette découverte, la plus importante en deux décennies, souligne la fragilité de l'espèce, dont il ne reste qu'environ 1000 individus dans la nature, en raison du braconnage et de la perte de son habitat.
Thon
Les thons rouges, autrefois disparus de la mer du Nord à cause de la surpêche, y sont désormais régulièrement observés grâce à des interdictions strictes et à la lutte contre la pêche illégale. Leur population, migrante entre l'Atlantique Nord et la Méditerranée, se rétablit favorablement, avec des spécimens géants de plus de 300 kg et 3 mètres de long désormais aperçus, sous surveillance scientifique pour assurer la pérennité de cette croissance.
Loutre
La loutre, protégée en Suisse depuis 1952 après avoir été chassée jusque pendant la Deuxième Guerre mondiale, avait disparu du pays en 1989 à cause de la destruction de son habitat et de la pollution. Depuis 2009, des loutres réintroduites depuis l'Autriche et la France, ainsi que des individus échappés de captivité, ont recolonisé cinq cours d'eau et lacs suisses, grâce à la revitalisation des habitats et aux stations d'épuration.
Cigogne blanche
La cigogne blanche a disparu de Suisse en 1950, mais grâce à l'engagement de bénévoles, elle a été réintroduite à Altreu (SO) et dans d'autres régions. Depuis 1995, il n'est plus nécessaire de relâcher des cigognes, et grâce à des efforts de protection et d'amélioration des habitats, la population a atteint près de 900 couples nicheurs, dépassant largement l'objectif de 300 couples en 2024. Cependant, elle reste « potentiellement menacée » car son taux de reproduction n'est pas encore suffisant, et divers défis comme le manque de sites de nidification, la destruction d'habitat, les électrocutions et les déchets représentent encore des menaces.